1998 – Loin des fleurs

O.K., j’ai l’air du gaucho fétide
Sur son cheval gris à demi-mort,
L’assez long visage plein de rides
Et le sourire bloqué d’un mors.Aux reins mûrs de ma monture ivre,
Dégoulinent deux filets de sang.
Attendez donc que je vous les livre,
Mes petits secrets pour tous les flancs…Deux étoiles de méchanceté
Brillent à mes noirs talons d’ordure.
À quoi diable sert cette beauté
Si tout n’est pas fait pour que ça dure ?

Je ferais se cabrer ma grand-mère !
Rien ne fait peur aux gamins sans âge
Qui ont aux pieds des soleils de fer
Pour pousser au cul leur bête en nage.

Dans la fumée de ses beaux sabots,
J’astique comme un cow-boy mort-né
Mon mustang fauve au très grand galop
Jusqu’aux fortiches assassinés !

Si vous voulez les mêmes godasses,
— Foudres étincelles sur des groles,
Décorant de cuisantes crevasses
La chair de la carne qui colle —

Suivez donc au fond de mes Pampas :
Moi, hyperfier sur mon canasson !
Je vous prêterai (peut-être pas)
Ma clinquante ferraille à rayons.

Pour titiller les trop lentes côtes,
Ces astérisques d’oursins seront
Idéaux et, fixés à vos bottes,
Ils ont même un nom : des éperons !