1992 – Visage de turc en pleurs

Genre : Récit
Editeur : Gallimard, Collection l’Infini
Date de parution : septembre 1992
Nombre de pages : 226
ISBN : 2-07-072773-4


Quatrième de couverture

C’est un voyage. C’est une hallucination. Ce sont des racines retrouvées et aussitôt dissoutes. Ce sont des mosquées à la place d’usines, et des danses au lieu de minarets. Bref, c’est Constantinople, Istanbul, le Bosphore, ou plutôt l’invraisemblable capitale de l’arabesque. Bonne occasion pour Nabe d’écrire, à la derviche, ce qui existe de musique sous les apparences. Eh oui, le langage tourne ! Il est fait pour ça.

Philippe Sollers


Extrait

Qu’est-ce que je fous là, dans l’arrière-boutique confinée d’un marchand de tapis glauque du souk d’Istanbul, en train de fumer un narghilé douteux face à une danseuse du ventre ? Dans un livre ça passerait pour une banalité, ici j’ai l’impression de vivre un moment fort.
L’onduleuse ôte un voile puis un autre… Pas de doute, à voir la tête de Moustafa c’est un strip-tease !… Ces Turcs n’en font-ils pas trop ? Pour un petit tapis, il me gâte ! Même volant !…
La fille a l’air bien faite de corps. Je suis ses ondes. Je n’en rate pas une qui descend de la tête aux pieds… Elle se déshabille en musique, petit à petit. Je suis obligé de disperser la fumée à grands gestes pour la voir mieux… Je crois la reconnaître… Elle ressemble à l’actrice de l’aéroport… N’est-ce pas miss Loukoum ? Rose Loukoum ? Pas sûr… Ses yeux noirs fixent mon tuyau. Les bulles de Moustafa sont énormes. Elle danse, elle danse. Elle se donne du mal. Les bras en serpents mutins, les hanches en hoola-hoop, et le nombril… Le nombril !… Le nombril de la danseuse ! Je ne peux pas détacher mon regard de ce trou d’amour… C’est entre le nombril et le sexe de femme… Je ne louche pas : elle a un nombril en forme de vulve ! Bien au centre du ventre qui bouge bien…

p.122-123
Compétences

Posté le

1 avril 2015