Genre : Essai
Editeur : Le dilettante
Date de parution : juin 1993
Nombre de pages : 69
ISBN : 2-905344-68-7
Extrait
Il n’y a pas que la main gauche dans la vie de sa guitare ! Qui chantera la droite au poignet d’ange ? Quelle attaque ! Quelle puissance ! Quelle finesse ! C’est bien simple : on n’imagine jamais le médiator qu’il tenait entre les deux jointures du pouce et de l’index. Personne n’a pincé une corde ainsi. Il a une technique de mandoliniste qui préférerait jouer de l’oud. Un miniaturiste ottoman ne serait pas plus minutieux. Ses allers-retours lui font des manières de brodeuse experte. Ses trémolos de relance me rappellent les roulements de caisse claire d’Art Blakey. La souplesse de la main droite, lorsqu’elle fait trembler un accord ou bien fouette un tempo, n’est comparable qu’à celle de la patte du jaguar le plus fulgurant. Les grands musiciens sont ceux qui portent la maîtrise de leur instrument si haut qu’on oublie l’instrument. Django fait sonner sa guitare tour à tour comme un piano, une batterie, une basse, une harpe, un violon, un saxophone même, et jamais on ne quitte l’esprit de la guitare : on est tellement dans l’âme de la guitare qu’on n’entend plus que l’âme qui s’exprime avec cette guitare. Voilà pourquoi Django est le plus grand guitariste de tous les temps.
p.28-30
