Editeur : Éditions du Rocher
Date de parution : mai 1999
Nombre de pages : 577
ISBN : 2-268-02622-1
Dans ce livre, Nabe parle avec
Michel Polac, Hugo Pratt, Vuillemin, Marie Laforêt, Bernard Pivot, Jean-Marc Roberts, Morgan Sportès, René Caumer, Jean-Édern Hallier, Marc Dachy, Pierre-André Boutang, Régis Debray, Arletty, Frédéric Mitterrand, Claude Beylie, Claude Nougaro, Patrick Besson, Thierry Ardisson, Jean-Marie Turpin, Jean-Maurice de Montremy, François L’Yvonnet, François Angelier, Hélène Ahrweiler, Paul-Éric Blanrue, Mireille, Ariel Wizman, Edouard Baer, Jean-François Stévenin, Jackie Berroyer, Hector Obalk, Frédéric Taddéï, Stéphane Zagdanski, Jean-Luc Delarue, Pierre Assouline, Viviane Forrester, Éric Holder, Vincent Ravaléc, Maurice G. Dantec, Christine Richard, Pierre Bouteiller, Patrick Poivre d’Arvor, Philippe Sollers, Jacques Chancel, Ornette Coleman, Guillaume Durand, Albert Algoud, Frantz-Olivier Giesbert, Jamel Debbouze, Elisabeth Barillé, Jean-François Rauger, Jérôme Béglé, Calixthe Beyala, Michel Grégoire, Sylvie Coulomb, Béatrice Dalle, Michel Petrucciani, le Professeur Choron, les 2 be 3, Renaud Camus, Guillaume Dustan, Marc Fumaroli, Laurent Ruquier, Daniel Cohn-Bendit…
L’horreur (Débat mené avec Pierre Assouline, avec Viviane Forrester, Éric Holder, Vincent Ravalec, Pascal Lainé et Maurice G. Dantec.)
V.F : Je m’excuse, mais je n’ai pas compris ce que vous avez dit.
Pierre Assouline : Madame vous suggère de lire un livre avant d’en parler.
V.F. : Mais je lis, je lis les livres, je sais de quoi je parle.
P.A. : Non, non, de lire un livre de Marc-Édouard Nabe.
V.F. : Mais je ne parlerais pas de ses livres si je ne les avais pas lus…
Pascal Lainé : On va arrêter de parler de ça, parce que moi, ça m’ennuie.
V.F. : Si vous permettez, je vais quand même dire ce que j’ai à dire. Je ne peux pas participer à un débat. Je suis désolée, mais quand quelqu’un est antisémite et fasciste, je ne peux pas participer au même débat. Voilà, là, j’ai dit les choses clairement, honnêtement. Je n’ai pas voulu le faire tout de suite, je le fais maintenant, vous savez pourquoi je pars.
(Vivane Forrester quitte la salle du théâtre)
P.A. : Le principal intéressé ne veut toujours pas répondre ? Avant qu’on passe à la suite ?
Marc-Édouard Nabe : Ce serait tellement long !… Et puis c’est pas du tout le sujet. Si un jour on fait un débat sur moi, je viendrai avec plaisir et je répondrai.
P.A. : Non, c’est pas un débat sur vous, mais je peux vous dire que si j’étais traité de fasciste antisémite, je répondrais…
M.-E.N. : Vous savez, moi je travaille sur la vérité… Donc le mensonge ne m’intéresse pas… Cette réaction vient évidemment de problèmes personnels strictement parisianistes, qui sont très faciles à comprendre, vu la position journalistique et institutionnelle de la « révoltée », c’est pour ça que je vais revenir au débat, si vous permettez, parce que mon cas ne m’intéresse plus depuis longtemps, je traîne ces casseroles qui viennent d’une émission de télévision que j’ai faite où ça s’est mal passé, enfin, tout le monde connaît l’histoire, Apostrophes 1985, Pivot, etc. Évidemment, j’ai aggravé mon cas en publiant mon journal intime où je raconte dans les moindres détails tout ce que j’ai pu voir dans le milieu littéraire qui est, et je pense que vous le savez aussi bien que moi, Pierre Assouline, qui est un panier de crabes qui agitent leurs pinces, pour la plupart cassées, en clapotant dans un jus, vous parliez de nauséeux, pour le coup, extrêmement nauséeux. J’ai pas eu peur de me tremper dedans pour pouvoir mieux en parler, et ça a créé des inimitiés éternelles entre les faux beaux esprits de l’intelligentsia moralisatrice qui ont le cynisme de se faire passer pour des gens tolérants et quelqu’un comme moi, véritable victime en révolte permanente…
Donc, je suis toujours partagé entre mon orgueil qui voudrait que je ne réponde plus jamais et même que j’aille dans le sens du martyre, pourquoi pas, j’ai une tendance à ça, et puis une autre tendance qui est beaucoup plus joyeuse et lumineuse chez moi et qui fait que, évidemment, je réfute toutes ces accusation, en bloc, puisqu’elles viennent de personnes qui parlent sans avoir lu un seul de mes livres (quoi qu’ils en disent), et sans avoir réfléchi à ce que chacun de mes livres pourrait signifier, à l’intérieur même de notre petit monde littéraire contemporain. Donc, ça c’est sûr. Ensuite, je voudrais bien savoir vraiment, pourquoi un dérapage télévisé vieux de dix ans suscite toujours autant de haine ? À les entendre tous je suis Sade plus Céline, plus Goebbels, Mao Tsé-toung, Attila, Le Pen et le vampire de Düsseldorf !… Enfin, je suis vraiment trop flatté, parce que, pour avoir si peu travaillé dans le domaine du Mal et être toujours un ange négatif à ce point-là, c’est que j’ai dû toucher quelque chose de tellement douloureux dans le milieu littéraire de mon époque que, évidemment, il se venge. Voilà. C’est ce qu’il fallait dire au public, qui n’est pas au courant de tout peut-être, car ici, j’imagine qu’il y a plein de gens qui se foutent, à juste titre, complètement de mon histoire et de ce qui m’arrive. […]
« L’horreur », p.313-314